Augmenter le télétravail est une mesure à double tranchant.
Les études montrent que si d’un côté le télétravail réduit les émissions liées au transport, il augmente celles de la consommation énergétique du domicile.
Au final, l’impact net dépend de nombreux facteurs tels que l’état des logements et des infrastructures locales, la saison et la température extérieure, la gestion des déchets des employés chez eux, l’achat ou non de matériel informatique, la distance domicile-travail, etc.
La quantification requiert donc de poser quelques hypothèses.
Selon l’Harward Business Review, dans un contexte américain, le travail à domicile peut réduire l’empreinte carbone d’un employé si le trajet domicile-travail est supérieur à 6 kilomètres.
Que nous disent les chiffres sur les émissions du trajet domicile-travail ?
Selon Carbone4, le trajet domicile-travail représente environ 15 % des émissions liées au transport en excluant l’aérien et le transport maritime international, soit 4% du total des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la France.
D’après les données de l’INSEE, en France le trajet domicile-travail représente 13 km en moyenne, soit 26 km aller-retour.
Toujours selon Carbone4, 74% des trajets domicile-travail sont faits en voiture. Lorsque les trajets font plus de 13 km, la part de la mobilité douce diminue et 81% des trajets de plus 13 km sont effectués en voiture selon l’INSEE et 15% par les transports en commun.
Sans compter la construction du véhicule, une voiture thermique émet l’équivalent de 4,99 kg de CO₂ pour 26 km (13 km x 2) selon l’ADEME.
Pour notre employé travaillant une année classique comptant 233 jours de travail, cela représente 1,162 kg d’équivalent CO₂.
En transport en commun (50% bus et 50% métro), le bilan carbone de ces déplacements est de 510 grammes d’équivalent CO₂ par jour, soit 119 kg de CO₂ par an.
En moyenne, un employé classique émet donc 958 kg de CO₂ par an pour ses déplacements domicile-travail.
Quel est l’impact du télétravail sur le bilan carbone de l’entreprise ?
Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, environ 30% des émissions économisées sur les déplacements sont absorbées par l’augmentation de la consommation du logement. Ces données se basant sur le mix énergétique américain, donc une électricité bien plus carbonée qu’en France, il est tout à fait raisonnable de réduire ces estimations à 20%. En réalité le mix énergétique Américain est environ 7 fois plus émissif que celui de la France, mais restons prudents.
Un modèle 100% télétravail pour tous les employés, sans achat de matériel informatique et quelle que soit la distance de leur domicile, permettrait ainsi d’économiser 766 kg d’équivalent CO₂ par an et par employé.
Si vous ne souhaitez pas un passage au télétravail à 100% :
- passer à 4 jours de télétravail représente 613 kg d’équivalent CO₂ économisés par an et par employé ;
- 460 kg d’équivalent CO₂ pour 3 jours ;
- 306kg d’équivalent CO₂ pour 2 jours ;
- 153kg d’équivalent CO₂ pour 1 jour.
La bonne nouvelle, c’est qu’une étude de l’Organisation Internationale du Travail estime qu’environ 28% des emplois en France peuvent tout à fait être gérés depuis chez soi.
Et les économies de facture électrique ?
Avant toute chose, ce que l’entreprise économise en électricité en adoptant le télétravail sera payé par l’employé sur sa facture individuelle.
Cela étant dit, si l’on considère les données d’EnerData en partenariat avec l’ADEME, un employé de bureau consomme environ 4906 kWh par an.
Avec un tarif à 0.1740 € par kWh en 2022, un passage au 100% télétravail représente une économie de 853€ par employé et par an.
- Pour 4 jours de télétravail : 682€ par employé et par an;
- Pour 3 jours de télétravail : 512€ par employé et par an pour 3 jours;
- Pour 2 jours de télétravail : 341€ par employé et par an pour 2 jours;
- Pour 1 jour de télétravail : 171€ par employé et par an.
Attention, il faut rappeler que cette économie se fait au détriment du salarié qui verra sa facture annuelle augmenter. Si le transport est à la charge du salarié, à vous de calculer si les économies générées rendent le télétravail économiquement rentable pour eux aussi.